Michelin : manifestation mais pas de grande mobilisation à Clermont-Ferrand

La mobilisation espérée des salariés de Michelin n’a pas vraiment eu lieu, ce mercredi, à Clermont-Ferrand, avec tout au plus 400 manifestants pour protester contre les fermetures des sites de Vannes et Cholet, dont plus de la moitié venue de ces deux usines.

Le grand soir attendra. Huit jours après l’annonce des fermetures, d’ici 2026, des usines Michelin de Cholet et de Vannes, les salariés étaient appelés à manifester, ce mercredi 13 novembre, à Clermont-Ferrand, à l’appel de la CGT, soutenue par la seule CFDT, SUD et la CFE-CGC, majoritaires, ne s’étant pas associés au mouvement. La solidarité syndicale qui prévalait vendredi encore, lors du rassemblement devant l’usine clermontoise de La Combaude, a volé en éclats entretemps.

Fumigènes et insultes

Et la forte mobilisation que les organisateurs espéraient n’a pas eu lieu, moins de 400 manifestants étant recensés au départ du cortège, place du 1er-Mai, et à peine plus devant le siège de Michelin, place des Carmes, en tout début d’après-midi, alors qu’à l’intérieur débutait un CSEC (conseil économique et social central) extraordinaire lors duquel la direction présentait aux représentants du personnel les grandes lignes du plan social qu’elle initie. Les manifestants ont allumé des fumigènes, hurlé des insultes pour la direction et leur opposition aux mesures qui aboutiront à la suppression de 1.254 postes. Certains ont frappé la porte d’entrée vitrée derrière laquelle veillait un escadron de CRS, mais la seule dégradation réelle aura été une vitrine bombée de rouge.

« Pour une première, c’est une bonne mobilisation et il y en aura d’autres », se félicitait tout de même le délégué de la CGT, Romain Baciak.

Trois bus en provenance de Cholet, un de Vannes

Trois bus ont bien fait le déplacement depuis le Maine-et-Loire pour transporter 160 salariés de l’usine choletaise, et un autre du Morbihan avec 60 bibs vannetais. Mais au final, ce contingent a donc pesé plus de la moitié des forces en présence, les salariés clermontois eux-mêmes (la ville compte encore près de 10.000 bibs) étant très peu au rendez-vous.

« Évasion industrielle »

Et si les responsables CGT appelés à s’exprimer ont pu décliner un discours offensif, affirmant vouloir faire reculer la direction avec le slogan « Michelin, ton PSE, on n’en veut pas », ou rappelant que le géant du pneu avait « programmé sa propre évasion industrielle », passant des 50.000 employés de l’entreprise au plus fort de son activité en France à moins de 18.000 quand les décisions prises auront produit leur effet, le discours de façade n’a pas forcément eu de répondant parmi les premiers concernés.

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« Pour nous, on sait que c’est fini, souffle Nicolas, employé à Vannes depuis quatorze ans. On est là pour que la négociation nous apporte le maximum de pognon. »

Ladite négociation doit commencer après la présentation du plan social, prévue jusqu’à ce vendredi, et pourra s’étaler jusqu’à fin mars.

« On est là pour soutenir nos collègues » : première salve de mobilisation chez Michelin à Clermont-Ferrand

Sophie Binet n’est pas venue

Y aura-t-il d’autres coups de pression syndicale d’ici là?? C’est ce que promet la CGT, localement. Ce mercredi, elle espérait la présence de Sophie Binet mais la secrétaire générale du syndicat n’est pas venue. La seule personnalité nationale était la députée LFI Mathilde Panot. Et quand elle s’est exprimée, le gros des manifestants avait déjà déserté la place des Carmes. Et un salarié de Vannes s’est éloigné, la mine désabusée : « C’est de la récupération politique qui ne nous apportera rien. »

Depuis mardi, la production a repris sur les sites de Cholet et Vannes.

Patrice Campo
Photos Rémi Dugne

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