Créée en 2020 pour aider les étudiants précaires, l’épicerie sociale et solidaire Agoraé manque de moyens et de place. Pourtant, elle fait face, quoi qu’il en coûte.
Des conserves de saucisses-lentilles ou de raviolis au bœuf à 0,54 €, des boîtes de légumes à 0,14 €, 500 grammes de pâtes à 0,23 €, un litre de lait à 0,12 €. Affichés à – 80 % par rapport aux prix du marché, ces produits alimentaires ne restent pas longtemps sur les rayonnages de l’Agoraé, l’épicerie sociale et solidaire pour les étudiants.
Installé dans un préfabriqué au cœur du campus des Cézeaux, à Clermont-Ferrand, le local ne désemplit pas depuis sa création, en 2020. Au contraire. Au moins une fois par semaine, ils sont quelque 250 bénéficiaires à faire la queue pour pouvoir manger à leur faim.
Un nouveau partenariat avec la Banque alimentaire
À l’image de ses bénéficiaires, l’Agoraé doit faire face à la hausse des prix. Face à une situation financière de plus en plus tendue, son adhésion à la Banque alimentaire concrétisée en mars lui a apporté une bouffée d’oxygène bienvenue.
Le local de l’Agoraé est trop petit pour contenir tous les stocks de l’épicerie solidaire.
« Aujourd’hui, la Banque alimentaire est vitale pour nous au niveau des produits secs, qui sont les plus faciles à gérer et les plus demandés par les étudiants. C’est le fournisseur le moins cher que nous ayons, ce qui nous a permis de proposer un choix plus large au niveau des plats préparés, des féculents (pâtes, riz, semoule…), des gâteaux qui sont extrêmement chers dans un magasin classique », détaille Léandre Dupont, président de la Fédération des étudiants d’Auvergne (FédEA), le syndicat qui gère l’Agoraé.
Parmi les produits d’hygiène, disponibles à -90 % grâce à des partenariats, la Fage (fédération d’étudiants dont dépend la FédEA) propose des kits (gel douche, déodorant, lessive) à des prix défiants toute concurrence.
Les produits frais (fruits, légumes, fromage, œufs), aussi vendus à – 80 %, sont fournis par des maraîchers locaux par l’intermédiaire de l’Association nationale de développement des épiceries solidaires (Andes). Des produits d’hygiène sont également disponibles, à – 90 %, et les protections menstruelles sont gratuites. En quatre ans d’existence, l’Agoraé a accueilli des centaines de jeunes.
« Malheureusement, la précarité ne baisse pas »
« En septembre, nous avons été submergés de demandes d’aide, confie Léandre Dupont. Il y avait des files énormes devant l’épicerie, c’était compliqué à gérer. Et avec l’inflation, ça nous coûtait très cher. Nous avons dû nous résoudre à stopper les inscriptions et ne pas remplacer ceux qui sont partis pour réduire notre nombre de bénéficiaires de 300 en septembre à 250 début 2024. »
En recherche de locaux plus grands et plus fonctionnels
Pour améliorer les conditions d’accueil des bénéficiaires comme des bénévoles, l’Agoraé a demandé un nouveau local à l’Université Clermont Auvergne. Elle souhaite quitter son préfabriqué énergivore et peu sécurisé pour intégrer un bâtiment en dur, plus grand, mieux adapté et toujours à proximité d’un arrêt de tram. Une solution qui lui permettrait aussi d’avoir un accès direct à ses stocks, qui sont aujourd’hui répartis dans deux containers dont la location coûte 3.000 € à l’année.
En attendant, l’épicerie maintient ses services jusqu’à la fin de l’année scolaire avec l’espoir d’une nouvelle adresse pour la rentrée 2024.
Maud Turcan
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