Fortement impactés par la crise sanitaire, les dons d’organes restent insuffisants pour couvrir les besoins. Au CHU de Clermont-Ferrand, 85 patients ont reçu une greffe d’organe en 2023 mais près de 400 sont toujours en attente d’un cœur, d’un foie ou d’un rein. Pour promouvoir ce geste vital, deux médecins clermontois dévoilent les coulisses du don d’organes et tentent de lever les réticences et les tabous.
Les chiffres sont paradoxaux : 80 % des Français se disent favorables au don d’organes mais, lorsqu’il faut prendre une décision, les médecins font face à un taux d’opposition de 40 % en Auvergne-Rhône-Alpes en 2023 (36,1 % au niveau national). Ces refus, recensés par l’Agence régionale de santé, sont en hausse de 3 % par rapport à l’année précédente.
Au CHU de Clermont-Ferrand (*), le constat est sans appel : le don d’organes a chuté lors de la crise sanitaire (- 25 % en moyenne au niveau national) et n’est pas encore remonté au niveau d’avant-Covid.
Sur le terrain, l’impact humain est lourd : l’an dernier, en France, plus de 21.800 personnes ont eu besoin d’une greffe et 823 n’ont pas survécu à cette attente, selon la Fédération des associations pour le don d’organes et de tissus humains (Adot).
Entre méconnaissance et sujet tabou
Une situation incompréhensible pour le docteur Arthur Flipo. « C’est difficile de dire ce qui freine le don d’organes, il y a beaucoup de méconnaissance et de tabous qui entourent cette question », insiste l’anesthésiste réanimateur, médecin à la Coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus au CHU Gabriel-Montpied.
« Statistiquement, on a plus de risque d’avoir besoin d’un organe que d’en donner un. »
Docteur Arthur Flipo
(médecin à la Coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus au CHU Gabriel-Montpied)
Gratuit, équitable et strictement anonyme, ce geste vital est mis en lumière chaque 22 juin, à l’occasion de la Journée nationale du don d’organes. Pourtant, c’est toute l’année qu’il faut en parler, selon Arthur Flipo qui détaille cinq points clés.
1. Tout le monde peut être donneur d’organes
« En France, on applique la règle du consentement présumé, c’est-à-dire que chacun est considéré comme donneur potentiel, s’il ne s’est pas opposé en s’inscrivant sur le registre national des refus. Il n’y a pas de limite d’âge ou d’antécédents médicaux. Aujourd’hui, l’âge moyen d’un donneur est de 57 ans et la moitié des donneurs ont plus de 65 ans », explique le docteur Flipo.
Depuis le début de l’année 2024, l’équipe de la Coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus a traité quinze dossiers de donneurs.
2. Quels sont les organes qu’on peut donner ?
« Des organes : son cœur, ses deux poumons, son foie, ses reins, son pancréas et l’intestin. En plus, on peut également prélever différents tissus : cornées, épiderme, os et tendons, valves cardiaques, artères et veines », indique Cyril Garrouste, néphrologue et président de la Fédération de greffe de Clermont-Ferrand.
« On a coutume de dire qu’une personne peut sauver jusqu’à sept vies. »
Docteur Cyril Garrouste
(néphrologue et président de la Fédération de greffe de Clermont-Ferrand)
Depuis le début de l’année, 64 organes ont été prélevés au CHU de Clermont-Ferrand sur 15 donneurs, une proportion dans la lignée de l’an dernier où 104 organes ont été prélevés sur 31 donneurs.
3. Comment la décision de prélever est-elle prise ?
Au décès du patient éligible au don d’organes, l’équipe de la Coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus consulte le registre national des refus, plateforme informatisée qui enregistre les oppositions à cette démarche. Si le patient n’est pas inscrit, la coordination interroge la famille pour recueillir la position du défunt.
« C’est là où est toute la difficulté et où il est important d’en parler avant, pour ne pas laisser à sa famille le poids d’avoir à se prononcer à votre place. Parler de la mort ne la fait pas arriver », confie le docteur Flipo.
Et il reste du chemin à faire puisque selon l’Agence de la biomédecine, « 93 % des Français pensent qu’il est important que leurs proches connaissent leur position sur le don d’organes, mais moins de la moitié ont évoqué le sujet ».
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4. En cas de consentement, comment se passe le prélèvement des organes ?
C’est une opération chirurgicale qui se fait sur place. Une fois le consentement obtenu, les médecins « qualifient les organes » selon plusieurs points (l’état, la taille etc.) pour les proposer à la plateforme nationale de répartition des greffes. C’est elle qui désigne les receveurs potentiels suivant des critères médicaux.
Depuis le début de l’année, 64 organes ont été prélevés au CHU de Clermont-Ferrand.
Une fois l’organe attribué, le centre médical du receveur envoie une équipe pour prélever le greffon et le ramener le plus vite possible auprès du patient en attente de greffe. « Un organe n’est prélevé que s’il a un receveur attribué », insiste le docteur Garrouste.
À l’issue des prélèvements, le corps du défunt est restitué à la famille. Des pansements sont appliqués, mais ils seront cachés par les effets dont sera revêtu le défunt.
5. Concrètement, comment se traduit le don d’organes en chiffres ?
L’an dernier, 104 organes ont été prélevés au CHU de Clermont-Ferrand sur 31 donneurs. Sur la même période, 85 greffes d’organes ont été réalisées (54 du rein, 20 du foie et 11 du cœur) sur les 5.634 faites au niveau national (dont 3.525 du rein, 1.343 du foie, 384 du cœur).
Actuellement, près de 400 personnes suivies au CHU attendent un don d’organes (350 du rein, 22 du foie et 19 du cœur). Un besoin vital puisqu’on estime que deux à trois personnes décèdent chaque jour, faute de greffon.
(*) Le CHU Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand, est le seul site auvergnat capable de greffer l’ensemble des organes. En revanche, les prélèvements d’organes sont possibles également dans le Cantal (Aurillac), l’Allier (Moulins, Vichy et Montluçon) et la Haute-Loire (Le Puy-en-Velay).
Texte : Maud Turcan
Photos : Thierry Lindauer
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