Familles à la rue à Clermont-Ferrand : un campement monté place du 1er-Mai pour héberger parents et enfants

En deux heures, ce lundi 8 avril en soirée, des dizaines de familles sans-abri ont monté, avec des citoyens, associations et militants, un campement, place du 1er-Mai, à Clermont-Ferrand. Résultat de longs mois de tensions avec la préfecture et la mise à la rue de dizaines de personnes, faute d’hébergement d’urgence.

Des sourires de fillettes qui enchaînent quelques pas de danse, une partie de football improvisée dans l’herbe de la place du 1er-Mai, un bambin aux chaussettes rouges d’à peine 17 mois qui se roule sur un matelas. Ces images seraient légères si n’apparaissaient pas, en miroir, le visage de leurs parents, fermé à double tour par la colère, le désespoir ou la fatigue. Parfois les trois.

Une cinquantaine de personnes, dont près d’une moitié d’enfants, ont monté les bases d’un campement, au pied de Polydome, lundi soir, comme en 2013, 2017 et 2018. La menace planait depuis des mois, le bruit courait si vite qu’il fallait le vouloir pour le rater. « Ça brise le cœur d’assister à cela, de voir ces enfants, s’émeut un bénévole, venu donner un coup de main. Mais, ils n’ont plus le choix. »

25.000 euros d’hôtel dépensés par le Secours populaire

Comme révélé par La Montagne le 27 mars, des dizaines de familles ont été ou s’attendent à être exclues des hôtels dans lesquels elles avaient été placées par le « 115 », le numéro d’appel d’urgence. Un durcissement de la politique d’hébergement d’urgence de la préfecture du Puy-de-Dôme dénoncé par les associations, des gérants d’hôtels et des politiques.

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Plusieurs familles étaient présentes, lundi, les enfants sous le bras et quelques bagages, vestiges d’une vie d’errance qui n’a pas trouvé la stabilité à Clermont-Ferrand. Là-bas cette mère célibataire, croisée à l’automne, déjà sans toit. Ici ce couple, avec son garçon handicapé, traînant son spleen lors d’une maraude cet hiver.

, Familles à la rue à Clermont-Ferrand : un campement monté place du 1er-Mai pour héberger parents et enfantsPhoto Rémi Dugne
Le déploiement de ce camp, place du 1er-Mai, trottait depuis des semaines dans les têtes des militants, de RESF au Secours populaire, en passant par les élus de la Ville et d’autres collectifs de citoyens qui assistent au délitement de l’hébergement d’urgence. « Il y a une montée de la pression, pointe Didier Pagès, membre de RESF. L’objectif est de répéter que ces gens n’ont pas à dormir dehors. Rien n’oblige la préfecture à faire ce qu’elle fait. »

17 familles dont 33 enfants sans-abri recensés

Plus tôt dans la journée, le Secours populaire était sorti de sa réserve habituelle, signe que l’heure de gravité était dépassée. Le comité départemental de l’association avait acté, après de longs débats, la distribution de tentes, matelas et duvets, le soir même.

« Jusqu’ici, nous arrivions à faire valoir les situations des personnes les plus vulnérables, les femmes seules, les familles avec enfants et les personnes atteintes de graves pathologies, mais les règles ont changé. »

Adrien Thépot (secrétaire départemental du Secours populaire)

Résultat, dix-sept familles dont trente-trois enfants sans-abri ont été recensés. Une partie visible pour laquelle l’association a dépensé 25.000 euros depuis le 1er janvier, pour qu’ils passent des nuits à l’hôtel, faute de place au « 115 ». « On ne peut pas continuer comme ça », a insisté la trésorière du Secours populaire, Danièle Bornet.

Marianne Maximi : « le préfet a menti »

En fin d’après-midi, un camion rempli de tentes a quitté le siège de l’association, en direction du lieu du futur campement. « On ne voulait pas en arriver là, mais on n’a pas le choix, regrette Adrien Thépot. Ces familles mises à la rue, c’est inédit, ça ne peut pas durer. Si on n’intervient pas maintenant, on ne pourra plus revenir en arrière. »

, Familles à la rue à Clermont-Ferrand : un campement monté place du 1er-Mai pour héberger parents et enfantsPhoto Rémi Dugne
En deux heures, un campement d’une cinquantaine de tentes est venu illustrer des mois de discours et d’alertes. « C’est douloureux à revivre, a réagi la députée LFI du Puy-de-Dôme, Marianne Maximi. Je suis très en colère. C’est une crise de l’accueil, pas de l’immigration. Le préfet a menti en parlant de personnes en fin de droit, il y a aussi des réfugiés, des demandeurs d’asile. La protection de l’État leur est due. » Plusieurs sources confirmaient ces propos, lundi soir.

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Représentée par les élus Charles Dubreuil et Steve Maquaire-Beausoleil, la municipalité doit accompagner dès aujourd’hui les familles en leur donnant accès à l’eau pour l’hygiène et en distribuant des tickets de tram aux enfants scolarisés.
L’aînée des filles d’Adrien et Sophie a arrêté de se rendre à l’école depuis plusieurs semaines. La famille n’a plus de toit. « On fait ce que l’on peut pour elles, soupirent les parents. On ne sait pas ce qu’il se passera demain, cette nuit on a une tente. » Et les fillettes le sourire.

Malik Kebour

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