Avant la rentrée de lundi, le proviseur du lycée Brugière, à Clermont-Ferrand, avait expliqué à La Montagne pourquoi la note de service précisant la règle du port de l’abaya et du qamis et publiée au Bulletin officiel du 31 août était « sécurisante » pour les chefs d’établissement.
Confronté à une élève en tenue « de type abaya », cette semaine, il a privilégié le dialogue. En vain. Le père de la jeune lycéenne l’a menacé de mort et le proviseur a déposé plainte. Que s’est-il passé ces derniers jours ? Comment l’Education nationale a-t-elle réagi ? Le proviseur revient sur cette semaine.
Comment s’est passée la matinée ?
Elle est très apaisée. Je suis entouré du conseiller sécurité du recteur, d’un agent de l’équipe mobile de sécurité du rectorat et d’un agent de l’équipe d’accueil renforcé de la Région. Nous nous sommes adressés aux enseignants en salle des professeurs avant le début des cours, ensuite nous sommes allés dans la classe de la jeune fille, qui était absente, pour discuter avec les élèves et expliquer les choses. Ce matin, j’ai passé beaucoup de temps dans la cour, j’ai pu constater que tout le lycée est apaisé. Les élèves n’ont rien à faire de ce qui s’est passé.
Comment les enseignants ont-ils réagi ?
Ils étaient surpris, parce que le lycée avait vraiment un climat apaisé depuis le début de l’année. Ils se sont montrés très solidaires. C’est très important pour moi, cette solidarité collective. J’ai reçu beaucoup de soutien, de l’ensemble de la communauté éducative.
Avez-vous informé les familles de l’incident de jeudi ?
Oui, j’ai envoyé ce matin un courrier à tous les parents. C’est une communication interne, pour éviter les non-dits et les rumeurs. Je leur explique que cet incident a été immédiatement pris en charge par les différents services de l’Etat, ministère de l’Education nationale, police et justice. Ce qui a permis un règlement rapide de la situation. Je leur indique aussi que le climat est serein et apaisé.
Que s’est-il passé cette semaine ?
Cette élève de 1re, qui était déjà dans l’étalissement l’an dernier, s’est présentée avec des tenues qui ont évolué toute la semaine. D’abord une grande robe, ensuite un kimono, ensuite une chemise noire sur une jupe noire, avec un pull noir. Des tenues 100 % noires et le corps couvert de A à Z. Tous les jours, cette tenue évoluait, mais c’était toujours noir de haut en bas. D’où ma décision jeudi de ne pas accepter cette jeune fille. Elle jouait sur le fait que ce n’était pas une abaya. Mais, en nous appuyant sur la loi de 2004, précisée par le ministre, nous avons pu dire que nous étions sur une tenue de type abaya qui manifeste ostensiblement la pratique religieuse.
Comment l’avez-vous accueillie tous les jours ?
Lundi matin, elle a discuté avec un conseiller principal d’éducation (CPE). De mon côté, j’ai reçu son père, avec mon adjoint. L’entretien a été tendu mais cordial. On a dit clairement que c’est nous qui décidions de la nature même des vêtements autorisés ou non dans l’établissement et pas les familles. Mardi, je n’ai pas eu de retour, elle est allée en cours normalement. Mercredi, elle est passée entre les gouttes de l’entrée, on ne sait pas comment, mais l’enseignante a refusé de la prendre en cours à juste titre. La jeune fille est repartie chez elle, elle est revenue habillée différemment et elle a été acceptée en cours. Jeudi matin, à la grille, je lui ai de nouveau dit que sa tenue n’était pas autorisée. Donc elle est repartie et c’est là que son père, sans doute sous un gros coup d’énervement, a appelé pour proférer des menaces.
La garde à vue du père de la lycéenne en abaya est toujours en cours à Clermont-Ferrand
Aviez-vous déjà reçu des menaces de mort ?
Non, jamais. Très souvent, on est victimes de propos orduriers ou d’insultes. Mais des menaces aussi violentes, c’est la première fois.
Comment réagissez-vous à cette violence ?
On a réagi en tant que professionnels, on a fait notre travail ! Les chefs d’établissement sont formés aux situations de crise et ils ont un protocole à respecter. Donc j’ai appelé le rectorat et je suis allé porter plainte. L’après-midi, j’ai reçu un coup de téléphone du ministre pour m’assurer de son soutien et j’ai continué de travailler tout à fait normalement. Maintenant, il faudrait que le déferlement médiatique s’arrête vite.
Quel dispositif d’accompagnement ?
Comme dans toutes les académies, le recteur de l’académie de Clermont-Ferrand a, à ses côtés, un conseiller sécurité, Olivier Lopez, chargé de l’accompagner « dans les situations difficiles ou complexe ». Le rectorat dispose aussi d' »une équipe mobile de sécurité, qui est déployée auprès des chefs d’établissement quand c’est nécessaire », explique Olivier Lopez. « Elle a plutôt un rôle d’observation, d’analyse, de médiation et de relations avec les forces de sécurité intérieures. »
Dès jeudi, il a été décidé de renforcer la présence de cette équipe au lycée Ambroise-Brugière. De son côté, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a décidé d’expérimenter la mise en place d’équipes d’accueil renforcé pour cette rentrée. C’est l’un des agents de cette équipe qui est aussi présent ce vendredi au lycée.
Isabelle Vachias
La fonction de diazo.fr étant de collecter sur le web des articles sur le sujet de Imprimerie Clermont-Ferrand puis les diffuser en répondant au mieux aux interrogations des personnes. L’équipe diazo.fr vous soumet cet article qui parle du sujet « Imprimerie Clermont-Ferrand ». Cette chronique a été reproduite du mieux possible. Vous avez la possibilité d’écrire en utilisant les coordonnées fournies sur le site pour apporter des explications sur cet article qui traite du thème « Imprimerie Clermont-Ferrand ». En consultant régulièrement nos contenus de blog vous serez informé des futures parutions.