Pénétrer dans l’imprimerie « Imprim17 » de Nathalie Rodriguez et Michel Bon, c’est faire un bond dans le passé. Le couple évolue entre les lettrages en plomb et des machines d’un autre temps depuis 2008, date à laquelle ils ont repris ce commerce à Rochefort (Charente-Maritime). Mais l’heure de tourner la page est arrivée. À 69 et 72 ans, ils souhaitent désormais se consacrer entièrement à leur maison d’édition « Les petites allées ». Ils recherchent donc activement un repreneur.

« Nous ne sommes pas désespérés »

Depuis près de quatre ans, ils espèrent trouver un passionné à qui transmettre ce patrimoine. Leur longue quête a été rythmée de quelques moments d’espoir… avant que les candidats ne se rétractent. « Nous ne sommes pas désespérés. Nous serions simplement tristes si nous ne réussissions pas à trouver quelqu’un », nous affirme Nathalie Rodriguez. Le couple a déjà une petite idée du profil du futur repreneur : « un passionné de typographie, ou bien une association d’artistes ou un créateur ».

Nathalie Rodriguez et Michel Bon sont conscients que l’activité ne sera pas rentable immédiatement pour celui qui prendra leur suite. « Il faudra avoir un petit matelas d’économies pour débuter, afin de s’installer, trouver une nouvelle clientèle, se diversifier et payer le loyer au propriétaire. » Dans le bâtiment de trois étages datant de 1699 situé rue Audry de Puyravault, deux ateliers et un logement ont été aménagés. « La présence d’un appartement a été déterminante pour nous quand nous sommes arrivés », se souvient la femme.

Un matériel voué à finir à la poubelle ?

Si le pari n’est pas aisé, il n’est pas impossible. C’est en tout cas ce que pense la sexagénaire. « Nous avons commencé à développer la typographie rétro, c’est à la mode. Il y a possibilité de mettre l’accent dessus, de la promouvoir. On peut créer des affiches, des cartes… » Nathalie Rodriguez et Michel Bon s’engagent même à former le repreneur, si besoin. D’ailleurs, ils proposent régulièrement des stages, notamment à des artistes, et cette activité supplémentaire « marche bien ». Ils accueillent aussi des touristes et des visiteurs. Ils laisseront à leur successeur les machines, comme une presse typographique à cylindre Heidelberg des années 1960, détaille Sud Ouest . Elles sont toutes « fonctionnelles » et en très bon état, nous certifie Nathalie Rodriguez.

Le couple d’imprimeurs se donne jusqu’à fin 2025 pour passer la main et se dit ouvert quant au prix. Si aucun candidat ne se déclare, le matériel risque de ne pas intéresser grand monde et il pourrait même disparaître. « Les municipalités manquent de moyens et ont déjà des patrimoines monstrueux. Le musée de l’imprimerie a déjà beaucoup de pièces. Donc ils ne sont pas intéressés pour nous acheter nos machines. » Il prévoit de tout revendre à des marchands spécialisés dans l’occasion ou à des ferrailleurs. Rochefort perdrait alors sa dernière imprimerie typographique, quasiment bicentenaire.